[AUDIO_VIDE] Bonjour. Bienvenue au MOOC des villes africaines, environnement et enjeu de développement. Aujourd'hui, nous allons entamer la première leçon qui porte sur l'accès à l'eau. L'accès à l'eau potable constitue, avec l'assainissement, un bon indicateur du niveau de développement d'un pays. La problématique de l'accès à l'eau potable dans les villes africaines est liée à la forte croissante urbaine, de l'ordre de 3,9% en moyenne par an, qui interagit avec les besoins en eau, la disponibilité et la qualité des ressources, contraignant les villes à recourir à des sources d'approvisionnement plus éloignées et dont l'exploitation coûte cher. Malgré les progrès réalisés ces dernières décennies pour atteindre l'OMD 7, les villes africaines rencontrent des difficultés pour faire face au défit. En effet, en 2012, sur les 149 millions de citadins dans le monde qui n'avaient pas accès à l'eau potable, 50 millions, soit 34 %, vivaient dans les villes en Afrique subsaharienne. Nous aborderons dans cette leçon les points suivants. La disponibilité des ressources, les réseaux utilisés pour les exploiter, et assurer un approvisionnement aux populations, les modes d'approvisionnement des populations, la situation de la couverture de l'approvisionnement, enfin la question cruciale du financement de l'accès à l'eau potable. Le continent africain a un potentiel hydraulique assez important, constitué de grands fleuves tels le Nil, le Niger, le Zambèze, l'Orange, le Sénégale, le Congo, le Charrie, pour ne citer que ceux-là, et une trentaines de lacs tels les lacs Victoria, Tanganyika, Malawi, et le lac Tchad qui a perdu un peu plus de 9 dixièmes de sa superficie passant de 25 kilomètres carrés en 1972 à moins de 2 000 kilomètres carrés aujourd'hui. À ces eaux de surfaces, il faut ajouter d'importantes nappes phréatiques. Ce potentiel est cependant mal réparti entre zone de manque d'eau et de pénurie potentielle que sont les régions septentrionales, sahariennes et subsaharienne, et zones d'abondance que sont les régions équatoriales et occidentales en partie. Parmi les facteurs de la dégradation des écosystèmes qui engendrent des pénuries en eau, nous avons le développement des activités industrielles, et une urbanisation récente et massive. Les sources exploitables pour l'approvisionnement en eau sont variées. Nous avons les sources d'eau douce, les cours d'eau, les nappes souterraines, la pluie, l'eau usée récupérée et traitée, l'eau de mer désalinisée. Mais les plus utilisées sont les eaux de surface, plus faciles à capter mais susceptibles de poser des problèmes. Elles peuvent par exemple être à sec, polluer par des rejets de déchets en amont, ou des eaux salles d'origine humaine ou animale, et les nappes souterraines qui sont une source d'approvisionnement importante et relativement stable. Pour de nombreuses villes, la nappe phréatique constitue la principale source d'approvisionnement en eau potable. Cependant, son importance varie selon les pays et les localités. Son attractivité est liée le plus souvent à sa bonne qualité. En plus, les nappes destinées à l'approvisionnement en eau potable se trouvent souvent le long des grands cours d'eau, dans les plaines d'inondation, qui offrent aussi des sites favorables à l'implantation des zones urbaines. Le captage et la distribution de ces sources se font à partir de réseaux. On rencontre une diversité des réseaux d'approvisionnement en eau dans les villes africaines, allant de systèmes comparables à ceux de pays développés à des cas où une très faible proportion seulement de la population dispose d'un accès à une eau de qualité acceptable. De manière générale, on rencontre deux types de réseau de distribution publique d'eau potable dans les paysages des villes africaines. Le réseau classique constitué d'un certain nombre d'installations dont le dispositif de production, un à plusieurs forages équipés d'une pompe électrique, qui alimente un ou des chateaux d'eau connectés à un réseau de distribution ramifié ou maillé. Le second type de réseau, appelé mini réseau, est un système simplifié de distribution d'eau potable, destiné à alimenter des bornes-fontaines. Il est constitué d'une zone de production avec un système de pompage, de stockage de faible pression, une source d'alimentation électrique, et un réseau de distribution souvent ramifié dont les points de livraison sont uniquement des bornes-fontaines. Dans la plupart des cas, le problème majeur des réseaux de distribution existant est l'extension de la desserte. En effet, l'accès direct ou indirect de l'ensemble des habitants des villes constitue des cas d'exception. Généralement, comme nous le verrons plus loin, une faible partie seulement de la population possède un branchement domestique. Les autres ont recourt à diverses autres sources ou modes pour s'alimenter en eau. Quels sont les modes dominants d'approvisionnement en eau des ménages? Les habitants des villes africaines ont recourt à différents modes pour leur approvisionnement en eau. Le programme commun OMS/UNICEF de surveillance de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement les classe en deux grandes catégories. Les points d'eau améliorés ; sont considérés comme points d'eau améliorés les installations qui, par leur construction, ou du fait d'une intervention active, sont protégées d'une contamination extérieure en particulier d'une contamination par des matières fécales. Ils incluent notamment les branchements domestiques dans l'habitation, la parcelle ou la court. Les autres points d'eau améliorés sont les robinets publics ou les bornes-fontaines, les forages ou puits tubulaires, puits ordinaires protégés, les systèmes de collecte des eaux de pluie, et les sources protégées. La seconde catégorie des sources d'approvisionnement sont les points d'eau non améliorés, qui comprennent les eaux de surface tels que fleuves, lagunes, marres, barrages, lacs, etc. A ces eaux de surface vient s'ajouter les puits creusés non protégés, les sources non protégées, les charrettes surmontées d'un petit réservoir ou d'un fût, et les camions-citernes. L'eau en bouteille ou en sachet est considérée comme une source d'eau potable améliorée seulement lorsque le ménage utilise une source améliorée pour la cuisson et l'hygiène personnelle. Quelle est la situation de couverture de l'approvisionnement dans les villes africaines? Comme nous pouvons le voir sur cette carte, la proportion des citadins utilisant des points d'eau améliorés varie de 52 à 100 %. En 2012, une trentaine de pays avaient un taux de couverture supérieur à 90 %. Ils se situent en Afrique australe, centrale, occidentale, et au Maghreb. Une douzaine avait un taux de couverture compris entre 76 et 90 %. Ils se situaient majoritairement en Afrique centrale et orientale. Et seulement cinq pays avaient le taux le plus bas, compris entre 50 et 75 %. Il s'agit de la Mauritanie, du Tchad, du Soudan, du Soudan du Sud, et de l'Angola. Si tourner un robinet est chose aisée dans les villes des pays développés, dans les villes africaines ce n'est pas le cas. En effet, une trentaine de pays africains, soit un peu plus de la moitié, ont un taux de branchement domestique inférieur à 50%. Ils se situent pour la plupart en Afrique subsaharienne. Huit ont un taux compris entre 50 et 75 %. Cinq ont un taux compris entre 76 et 90 %. Il s'agit du Zimbabwe, du Sénégal, de Djibouti, du Botswana et de l'Île de la Réunion. Et seulement cinq, enfin, qui ont un taux supérieur à 90 %. Il s'agit des pays du Maghreb, de l'Afrique du Sud et de l'Île Maurice. Quelle est l'évolution de la couverture de l'approvisionnement en eau dans les villes africaines? Comme nous le montre le présent graphique relatif à l'évolution de la couverture d'approvisionnement en eau dans les villes d'Afrique subsaharienne, en 1990, 42 % des citadins africaines bénéficiaient du haut niveau d'accès à l'eau, c'est-à-dire un branchement domestique à un réseau d'adduction. Malgré les efforts consentis, cette proportion n'a pas augmenté, et a au contraire baissé de huit points atteignant 34 % en 2012. En revanche, la proportion des habitants des villes s'alimentant à d'autres sources améliorées, telles que bornes-fontaines, forages, a connu une hausse de 10 points, passant de 41 % en 1990 à 51 % en 2012. La proportion des citadins s'approvisionnant à des points d'eau non améliorés tels que puits et eaux de surface a très peu évolué, baissant seulement de un point, 13 à 12 %, et de quatre à 3 %. On observe des inégalités entre les pays et les villes. À l'échelle des pays, les données issues des enquêtes démographiques et de santé à indicateur multiple nous révèlent que les taux d'accès à des points d'eau varient selon les pays. En RDC, près de 15 % des citadins continuent de s'approvisionner à des points d'eau non améliorés. Dans les autres pays, ce taux varie de 2,5 % à 8,6 %. À l'échelle des villes, on observe également une disparité entre villes capitales et villes économiques, telles que Niamey, Yaoundé ou Douala, qui concentrent la plus grande part des investissements et les autres villes. Comment améliorer l'approvisionnement en eau dans les villes africaines? L'amélioration de la couverture de l'approvisionnement en haut nécessite en effet des investissement qui sont souvent colossaux car il faut à la fois développer des nouvelles ressources, souvent éloignées et onéreuses, renouveler les infrastructures existantes qui se sont dégradées, renforcer les infrastructures de production et de transport, pour résoudre les problèmes et continuer d'assurer la déserte des habitants, étendre le réseau aux zones ou quartiers non encore desservis, et enfin, améliorer la qualité du service. Cependant, l'ampleur des besoins exige des solutions adaptées à chacun. Des solutions innovantes existent pour offrir aux ménages un service qui soit conforme à leurs besoins et à leurs attentes. Parmi celles-ci, certaines ont déjà été mises en œuvre dans certains pays. Il s'agit notamment de la politique des branchements sociaux permettant de raccorder les usagers à faible revenu au réseau, et du développement de mini réseaux alimentant des bornes-fontaines, notamment dans les zones périphériques, mal ou peu desservies. En matière de financement de l'accès à l'eau potable, le constat suivant peut être fait. En effet, dans le secteur de l'eau, il faut, comme nous venons de le voir, financer à la fois les nouvelles dépenses d'investissement et les dépenses récurrentes de fonctionnement, de maintenance, et tous les coûts financiers. Le panel mondial sur le financement des infrastructures de l'eau a indiqué dans son rapport que les ressources du secteur de l'eau on des origines diverses, comme le montre le tableau. Les financements les plus importants émanent souvent des sources locales comme les Etats, les banques locales, et les usagers, en sachant que le rôle de ces différents acteurs est difficile à quantifier sur le plan global. Par contraste, l'apport des aides internationales, des banques étrangères et des entreprises privées est bien facile à distinguer, même s'il est moins important de manière globale. Le financement public du secteur de l'eau reste, bien entendu, un élément important, mais il est tributaire de la situation fiscale des pays africains. On voit de plus en plus d'Etats déléguer leur responsabilité financière dans ce secteur aux pouvoirs locaux, dans le cadre de la politique de décentralisation, tout en témoignant un intérêt croissant pour les différentes formes de participations privées. Le financement des infrastructures de l'eau revient à terme à l'un des trois groupes suivants. Les usagers de l'eau, qui peuvent soit investir eux mêmes, soit payer l'accès à l'eau à un prestataire de service officiel, le contribuable, par les mécanismes fiscaux locaux ou nationaux, les bailleurs de fonds, y compris par des dons privés volontaires. En conclusion, nous pouvons dire que l'accès à l'eau potable est un enjeu crucial de développement durable. Le continent africain dispose d'un important potentiel hydraulique qui est cependant mal réparti. L'exploitation de ces ressources pour l'approvisionnement en eau des populations urbaines ce fait à partir de deux types de réseaux dont l'un des problèmes majeurs est l'extension de la desserte. Les populations qui n'ont pas un accès direct recourent donc à d'autres modes d'approvisionnement pour leurs besoins domestiques. Le taux de couverture d'accès à des points d'eau améliorés varie selon les pays et les villes. Malgré les progrès accomplis ces dernières décennies, pour assurer aux populations urbaines un accès adéquat à des sources d'approvisionnement améliorées, des gros efforts restent à faire pour notamment combler les inégalités d'accès à ces sources tant à l'échelle nationale que locale. L'ampleur des investissements et des charges de fonctionnement et de maintenance constitue les principales contraintes pour l'amélioration de la couverture de l'accès à l'eau potable dans les villes africaines. Au revoir, et à la prochaine leçon sur le thème assainissement des eaux usées et excreta, un second indicateur du niveau de développement d'un pays. [AUDIO_VIDE]