Bonjour. Bienvenue au MOOC des villes africaines, environnement et enjeux de développement. Aujourd'hui, nous allons traiter de l'accès à l'eau potable et assainissement dans une ville secondaire, au Tchad, une étude de cas. L'accès à l'eau potable constitue, avec l'assainissement, un bon indicateur du niveau de développement d'un pays, voire d'une ville. À Abéché, la problématique de l'accès à l'eau potable est liée à la forte croissance urbaine, 5 % en moyenne, qui interagit avec les besoins en eau, la disponibilité et la qualité des ressources contraignant les services, en charge du secteur, à recourir à des sources d'approvisionnement plus éloignées, à une cinquantaine de kilomètres, et dont l'exploitation coûte cher. En matière d'assainissement des eaux usées excrétas, les ménages ont recours à des systèmes autonomes. Concernant l'assainissement pluvial, Abéché est une des rares grandes villes secondaires du Tchad qui est demeurée très longtemps sans des grands travaux de drainage alors que la situation de la ville était plutôt critique, avec la persistance d'inondations et de forts ravinements qui affectent bon nombre de quartiers. La maîtrise et la gestion des eaux pluviales sont devenues donc un enjeu fort pour les élus locaux et les responsables de l'aménagement urbain, soucieux d'assurer la sécurité et un bien-être à leurs concitoyens. Dans cette leçon nous allons, dans un premier temps, présenter la situation de l'accès à l'eau potable au niveau de la ville, ainsi que celle de l'assainissement des eaux usées excrétas dans un second temps, et nous terminerons par la situation de la gestion des eaux pluviales. L'accès à l'eau potable est un des enjeux majeurs du développement de la ville d'Abéché. Ce service primordial est diagnostiqué, successivement, sous l'angle de la production, de sa capacité de stockage et de distribution, ainsi que sur les modes d'approvisionnement en eau des habitants. Abéché fait partie d'une dizaine des villes secondaires tchadiennes d'importance, dont la Société nationale assure, depuis sa création, la production et l'approvisionnement en eau potable des populations. Sur le plan de la ressource en eau, la région d'Abéché est caractérisée par l'absence de nappes phréatiques, généralisée, qui rend complexes les recherches hydrogéologiques. Le sous-sol rocheux d'Abéché a été jugé trop contraignant pour trouver sur place de l'eau, en quantité suffisante, à des profondeurs raisonnables, et à des coûts de forage acceptables. Aussi la Société tchadienne des eaux a eu recours à un approvisionnement en eau potable à partir de forages situés dans la nappe alluviale, débités à environ 50 kilomètres au sud de la ville. L'approvisionnement en eau potable de la ville d'Abéché se fait à partir des 6 forages réalisés dans cette nappe alluviale. Les deux premiers forages ont été réalisés dans le cadre du programme d'appui au développement économique et social de la ville d'Abéché, financé par la coopération allemande. Deux autres ont été construits par la suite, pour renforcer la capacité de production suite aux fortes pluies de 1999 et 2000, qui ont engendré de fortes érosions du Wadi, et des dommages importants sur les installations. Un renforcement de la production d'eau a été réalisé dans le cadre des projets urbains du PADUR, et permis d'aller au-delà d'un doublement de la capacité actuelle, ceci grâce à l'ajout de deux forages supplémentaires, totalisant 200 mètres cubes heure. Les forages sont couplés à une station de traitement et un réservoir de 527 mètres cubes, duquel des pentes de reprise refoulent l'eau produite par une conduite en fonte de 300 millimètres vers la ville. Avec l'augmentation de la capacité de production, cette unique conduite exige un doublement, ce projet n'est pourtant pas prévu à court terme. La capacité de production sera donc ainsi limitée à environ 9 500 mètres cubes jour, ce qui correspond à une consommation limitée à moins de 500 litres par jour et par personne, hors gros clients, pour une ville de 200 000 habitants environ. Cette apparente insuffisance de la production de la SDE a contribué à l'émergence d'initiatives communautaires privées, ou de la part d'ONG soutenues par la coopération bilatérale, qui ont abouti à la mise en place de puits et forages au sein de la ville dans les zones éloignées du réseau. De nombreux puits, d'une vingtaine de mètres de profondeur, ont été creusés artisanalement aux abords des principaux Wadis Ces puits ne fonctionnent qu'une partie de l'année, et sont souvent taris en période sèche. Certains forages plus profonds, de l'ordre de 50 mètres, offrent une alimentation en continu vers lesquels la plupart des ménages se tournent, ainsi que les revendeurs d'eau. Les forages équipés, à la périphérie, de pompes à pédales délivrent gratuitement de l'eau, mais présentent une pénibilité et une lenteur de remplissage dissuasives, qui n'incitent guère les gens à les utiliser. En période sèche, le rabattement de nappes au bord du Wadi est très important et n'assure pas une continuité de production, pour les puits les moins profonds, ce qui oblige les femmes et les enfants à effectuer de longs parcours pour s'approvisionner. En dehors du réservoir, au niveau de la station de potabilisation, le stockage de l'eau est assuré, au niveau de la ville, par deux châteaux d'eau. L'un d'une capacité de 800 mètres cubes, situé à 5 kilomètres au sud de la ville, et l'autre d'une capacité de 500 mètres cubes, situé au centre ville. L'insuffisance de la production et du refoulement ne permet pas un usage normal des châteaux d'eau, lesquels ne sont quasiment jamais remplis, et ne jouent pratiquement aucun rôle dans la régulation de la distribution. La seule pression dans le réseau provient donc des pompes de refoulement qui, situées à environ 50 kilomètres des points de consommation, sont incapables de garantir une pression d'admission suffisante pour alimenter les points hauts du réseau. Quand bien même les capacités de production et de refoulement soient augmentées, ces deux réservoirs restent de toute façon insuffisants, pour garantir une alimentation continue dans l'ensemble des quartiers. L'étude de faisabilité, menée dans le cadre des projets PADUR, a préconisé l'implantation de réservoirs additionnels, d'une capacité totale de 2 000 mètres cubes, pour être en mesure de réguler au mieux la demande et optimiser ainsi les capacités de production. Ainsi, pour l'instant, l'insuffisance de la production n'est pas palliée par une meilleure capacité de stockage. Le réseau d'alimentation qui couvre la majeure partie de la ville totalise un linéaire de 60 kilomètres, formé majoritairement de conduites en PVC, en acier, de diamètres variant de 63 à 350 millimètres. Le réseau est, en majorité, en bon état. D'après le recensement général de la population et de l'habitat, de 2009, plus de la moitié de la population, soit 59,4 %, utilise une source d'eau améliorée. Les principales sources d'eau améliorée d'approvisionnement en eau de boisson des populations de la ville d'Abéché sont les robinets se trouvant dans leur logement, cour, ou concession, les bornes fontaines, les forages, et les puits modernes. Le reste des habitants s'alimentent essentiellement auprès des revendeurs, pour 32 %, et à des puits traditionnels. Voici quelques images des modes d'approvisionnement en eau des habitants de la ville d'Abéché. Une borne fontaine, un forage avec pompe à motricité humaine, implanté dans un quartier périphérique non couvert par le réseau public de distribution d'eau potable, et un puits desservant un ancien quartier populaire. Sur le plan de l'assainissement des eaux usées excrétas, d'après le recensement général de la population de 2008, la quasi totalité de la population rejette ses eaux usées dans des endroits non appropriés. 70,7 % dans la rue, 16,9% dans les cours d'habitation, 2,7 % dans les rigoles ou les caniveaux, et seulement 4,1% dans des installations améliorées. D'après toujours le recensement général de la population et de l'habitat de 2009, comme nous le constatons sur le tableau, un tiers environ des habitants utilisent des toilettes améliorées, et des toilettes avec chasse d'eau. Plus de la moitié des citadins utilisent des fosses sans dalle ou trou ouvert, et 7 % pratiquent la défécation en plein air. De manière générale, 62,8 % ne disposent pas de toilettes améliorées. Comme dans la plupart des villes du Tchad, les toilettes aménagées dans les concessions sont sur fosses sèches, qui sont rebouchées quand elles sont pleines, La généralisation de l'usage des fosses sèches et les infiltrations d'eaux usées dans la nappe qu'elles favorisent laissent certainement courir des risques de pollution pour les eaux extraites des quelques pluies alentours. Toutefois, aucune analyse bactériologique des eaux usées n'a été faite pour corroborer ou infirmer cet état de fait. La récurrence d'apparition de maladies iii indiquent probablement que cette pollution est subie par une partie de la population qui n'ayant pas les moyens ou la capacité à cause de l'éloignement d'acheter de l'eau potable, consomment l'eau de pluie. Cette situation concerne environ la moitié des habitants de la ville d'Abéché. La ville ne dispose pas de service de vidange de fosse étanche ou fosse sceptique qui nécessite de trouver un lieu d'épandage de boues de vidange. La forte expansion de la ville fait que le problème d'évacuation des eaux usées deviendra de plus en plus préante et nécessitera à moyen terme que les services de vidanges municipaux ou privés soient mis en œuvre pour évacuer les boues dans des zones d'épandage à la périphérie de la ville. La disposition des toilettes publiques où gérer un affermage serait également une disposition à prendre à court terme dans les quartiers populaires du centre ville pour offrir une alternative convenable à la pratique insalubre des défécations sur l'espace public. En matière d'assainissement pluvial Abéché est une des rares grandes ville du Tchad ayant bénéficié d'aucun travaux de drainage durant des décennies alors que la situation de la ville est plutôt critique avec la persistance d'inondations et de forts ravinements qui affectent bon nombre de quartiers. La ville s'est développée autour de deux grands wadis avec leurs affluents qui drainent l'agglomération du sud-est vers le nord-ouest. En dehors du réseaux de drains naturels composés par le wadis le réseau de drainage existant est constitué d'un réseau de caniveaux constitués de trois collecteurs iii qui drainent uniquement le centre-ville mais sont largement insuffisants pour évacuer les pluies. En période de pluie, les wadis sont responsables de la stagnation des eaux et débordements de l'érosion des berges. Cette dernière menace les quartiers riverains dont plusieurs habitations sont régulièrement emportées chaque année. Les multiples problèmes de drainage étaient dus essentiellement au comportement erratique du wadi à l'origine d'érosions accentuées et imprévisibles comme on peut le voir sur ces images à l'empiètement grandissant des constructions dans les lits de wadis ou à la transformation de certains bras de wadis en rues et ruelles. Et enfin, ils sont dus au mauvais état de certains ouvrages essentiellement iii des traversées de wadis. Pour remédier à cette situation, le projet d'appui au développement urbain financé par la Banque Mondiale a réalisé des travaux comprenant la reprise totale des canaux existants avec l'équipement de passerelles piétonnes pour les usagers. La protection des berges les plus dégradées iii comme on peut le voir sur ces images. En conclusion, nous pouvons dire que l'accès à l'eau potable est un des enjeux majeurs de développement de la ville d'Abéché. Sur le plan de la ressource en eau, la région est caractérisée par l'absence d'une nappe phréatique généralisée obligeant les services en charge du secteur à recourir à des ressources situées à une cinquantaine de kilomètres de la ville. Malgré le renforcement de la capacité de production, la ville continue de souffrir d'une évidente insuffisance. Par ailleurs, Cette insuffisance n'est pas palliée par une meilleure capacité de stockage. L'approvisionnement des populations est assurée par des branchements domestiques et boire aux fontaines, des forages, des puits, etc. Durant plusieurs années, la ville d'Abéché a connu de multiples problèmes de drainages dus essentiellement au comportement erratique des walis. Pour palier à cette situation, des travaux ont été effectués permettant la construction de nouveaux ouvrages ou drainages et la protection des berges les plus dégradées. Au revoir et à la prochaine leçon sur le cadre législatif, réglementaire et institutionnel de l'eau et de l'assainissement. [AUDIO_VIDE]