[MUSIQUE] On arrive au terme de cette première semaine de cours, je vous ai suivi, comme l'ensemble des participants, alors je me permettrai, si vous êtes d'accord, de poser quelques questions, soit de précision, soit de compréhension pour moi, sur ce que vous nous avez dit. >> Oui, très volontiers, c'est avec plaisir donc que j'aurai à répondre à ces questions. >> Vous nous parler d'adduction d'eau potable, vous nous parlez d'assainissement, on comprend qu'on a un cycle total de l'eau, de son adduction à son assainissement, mais est-ce que >> la question de l'assainissement est véritablement au centre des préoccupation des populations? Evidemment, si, ça dépend des préoccupations des populations urbaines peuvent varier, en fonction des différents groupes sociaux à qui ont à affaire. Le pauvre, pour ne pas dire l'individu ou les populations dont les revenus sont faibles, vont très peu se soucier des questions de déchet, d'approvisionnement ou d'inondation, parce que ce qui est préoccupant pour eux c'est de pouvoir survivre. Donc, il vont utiliser des sources d'eau qui ne sont pas améliorées, susceptibles d'entraîner des contaminations, là aussi il faut s'interroger, est-ce qu'ils ont conscience du lien qu'ils peuvent faire entre une eau de mauvaise qualité et leur santé, c'est autant de questions qui peuvent permettre d'apprécier le niveau de comportement ou bien la manière dont les populations se comportent vis-à-vis de ces situations. Donc, c'est comme si quelqu'un, une personne a faim, vous ne lui demanderez pas se préoccuper de la qualité de la nourriture, il va se préoccuper de s'il ne peut pas avoir la quantité, au moins qu'il puisse avoir de quoi se nourrir. Donc la qualité va devenir une préoccupation qui va être secondaire. Evidemment, si on se met de l'autre côté et lorsqu'on voit les incidences de ces situations sur les populations, et sur l'économie, on doit quand même s'interroger. Tout un chacun donc a le droit et je crois à travers différents textes internationaux ou même les constitutions, à droit à un logement descent, à une alimentation, à une éducation, à une santé. Donc, cela devrait se traduire concrètement par un certain nombre d'interventions qui puissent donner, offrir les opportunités à ces populations là de pouvoir être dans des bonnes conditions. Assez souvent, on va nous opposer, cela coûte cher, nous n'avons pas les moyens. Mais, on ne fait pas souvent le lien entre l'impact financier, économique d'un mauvais état de santé des populations sur donc l'économie, comment on appelle, sur les finances publiques. Nous allons le voir par la suite lorsqu'on fera le lien entre impact économique et santé, évidemment la santé influe sur le développement, et le développement influe également sur la santé. >> On sait qu'il y a un cadre légal, mais par rapport à >> la situation actuelle de l'assainissement, de l'adduction, est-ce que ce cadre légal est suffisant ou ne faudrait-il pas commencer par édicter un certain nombre de lois, et si on fait ça, est-ce que ces lois vont être suivies, est-ce que ça sert à quelque chose de passer par le cadre légal? >> Le cadre légal en Afrique subsaharienne, ça il ne faut pas se le cacher, >> il me parait insuffisant. Assez souvent on se contente d'un certain nombre de textes fondamentaux qui sont les lois, mais les lois, toutes les dispositions ne peuvent pas être traitées dans la loi. La loi renvoie un certain nombre de dispositions règlementaires qui doivent être du moins précisées à travers des décrets d'application ou des arrêtés d'application. Lorsque vous parcourez donc les textes donc, les textes de loi qui encadrent donc l'organisation et la gestion de ces secteurs, il y a, code de l'environnement, code de l'eau, code de l'hygiène, c'est les principaux textes en matière d'eau et d'assainissement, mais les décrets d'application ne sont pas très souvent pris par les instances donc qui sont en charge de ces questions là. Ça c'est un. De deux, une loi pour qu'elle s'applique avec ses décrets d'application, il faut que les acteurs qui sont concernés aussi bien administrations, habitants, privés, associations, autres partenaires, sachent le contenu de ces textes. À ce niveau là il y a quand même un déficit d'information et de communication pour que les gens puissent s'approprier ces textes et sachent que ils peuvent ceci ou ne pas faire cela. Troisième chose, c'est les politiques ou les stratégies et les documents de stratégie ou de planification qui sont mis en œuvre qui prévoient un certain nombre d'actions, mais qui sont souvent pas suivi réellement de mis en œuvre et ce genre de situations font que le cadre tel qu'on l'a défini n'est pas opérationnel. Alors, à qui la responsabilité? Je crois qu'elle est partagée et en premier lieu, la responsabilité incombe à l'autorité qui est en principe chargée de la mise en œuvre de ces textes et lois. Mais il y a quand même aussi une responsabilité citoyenne de l'individu. Aujourd'hui nous parlons dans nos pays africains de démocratisation, de collectivités locales où on a rapproché le citoyen de l'action publique, est-ce que les habitants que nous sommes aussi avions pour habitude d'interpeler les collectivités ou les pouvoirs publics sur leurs responsabilités ou sur ce qu'ils devaient faire pour que les situations puissent changer. Il y a quand même à ce niveau là des réflexions assez importantes pour que les habitants soient de véritables citoyens donc ils participent à la construction de leur ville et qu'ils aient donc leur mot à dire, et lorsque il y a des dysfonctionnements ils puissent donc interpeler ceux qui ont la responsabilité donc de prendre des décisions afin que les décisions iii soient prises dans ce sens. >> Les partenaires au développement jouent-ils un rôle dans les questions d'assainissement et d'adduction, et quel est ce rôle? Est-ce qu'ils essaient comme on leur reproche parfois d'appliquer la doxa internationale ou est-ce qu'ils arrivent à travailler sur les spécificités des villes africaines, travailler sur un contexte local pour faire émerger, peut-être, des solutions un peu plus innovantes? >> Alors, les partenaires internationaux multilatéraux et bilatéraux, certes, ils ont leur politique je veux dire, leur agenda avec un certain nombre de directives, de normes, qu'ils appliquent pour leurs différentes interventions, >> et lorsqu'ils interviennent dans un certain nombre de situations, ou de pays ou de localité, très peu de projets sont initiés à la base, c'est-à-dire, par les communes par exemple. À ce niveau, si je prends l'exemple du Tchad d'où je viens, les communes ont, comment on appelle, un grand déficite en ressources humaines, elles ne sont donc par conséquent pas en mesure de pouvoir élaborer des projet et de les soumettre à des bailleurs de fonds. Lorsque vous n'êtes pas dans cette situation de pouvoir élaborer des projets, et de rechercher donc des partenaires ou un financement nécessaire, eh bien vous vous trouvez dans la situation où, parce qu'il vous faut mener un certain nombre d'interventions pour améliorer la situation des populations, vous ne ferez qu'accepter ce que le partenaire extérieur va vous proposer. Donc il y a, comment dirais-je, une inégalité entre partenaires extérieurs, et, comme on appelle, partenaires locaux, qui n'ont pas, comment dirais-je, la même capacité de pouvoir dire oui ou dire non, assez souvent on dit oui et on ne dit jamais non. >> J'aurais une dernière question, pour terminer ; on parle prioritairement, je dirais, de quantité d'eau, maintenant on sait qu'il y a des questions de qualité d'eau, quelle est cette relation, comment établir >> une relation entre quantité et qualité, est-ce que les populations perçoivent leur nécessaire besoin d'une eau de qualité? >> Ils ont, je dirais, cette perception, elle est variable. Dans les zones où l'eau est rare, évidemment c'est difficile pour les populations qui y vivent de pouvoir. comment on appelle, se préoccuper de la qualité de l'eau. Mes étudiants ont l'habitude de me dire, c'est l'eau du robinet de la société qui nous donne la fièvre typhoïde, je dis mais attendez, est-ce que vous réfléchissez, est-ce que vous avez vu dans quelles conditions les femmes, les filles, les enfants, transportent l'eau, des bornes-fontaines, donc cette eau prélevée à la borne-fontaine est une eau potable, mais lorsqu'elle arrive au domicile et qu'on doit la stocker dans des jarres, assez souvent, des jarres qui ne sont pas correctement lavées, ou le mode de transport de cette eau, lorsque la jeune femme transporte l'eau dans une bassine posée sur sa tête, cette bassine qui n'est pas recouverte, le trajet durant le trajet, il y a des potentialités, en fait il y a de fortes chances que la contamination ne soit pas forcément à la source de l'eau prélevée, mais par les différents comportements que les individus ont en manipulant donc cette eau sur le trajet ou au moment de son prélèvement. Alors, je dis mais sur quelle base vous dites que c'est l'eau du robinet de la société qui vous donne, alors la question de qualité est un vrai problème, est là aussi une société qui distribue de l'eau devrait normalement s'assurer que la qualité de l'eau qu'elle offre est de bonne qualité. Elle devrait avoir un contrôle de la part des pouvoirs publics. J'avoue qu'à ce niveau également le contrôle ne se fait pas. Aujourd'hui vous voyez dans plus en plus, dans certaines localités, des entreprises qui prélèvent l'eau dans la nappe, qui la mettent en bouteille et qui la revendent en indiquant un certain nombre de normes qui, soit dit en passant, correspondent plus ou moins aux normes internationales acceptées. Mais qui contrôle? Qui fait le contrôle pour s'apercevoir est-ce que réellement les normes sont respectées, ou il y a un déficit à ce niveau? Donc la question même du contrôle de la qualité de l'eau qui est fournie je crois que c'est un pouvoir grand qui appartient à la puissance publique, malheureusement qui ne l'utilise pas assez souvent pour contrôler aussi bien l'eau qui est fournie aux populations et ainsi que les aliments et autres, médicaments que nous consommons dans nos villes. >> Merci pour ces quelques réponses, à ces questions, je pense que ça permet de préciser deux, trois choses ou en tout cas de résumer ce que nous avons écouté durant cette semaine. >> Merci. [AUDIO_VIDE]