[AUDIO_VIDE] Bienvenue au MOOC : Villes africaines, environnement et enjeux de développement. La leçon d'aujourd'hui porte sur le développement de l'élevage urbain. L'élevage est une source importante de revenus, de moyens de subsistance, de nutrition et de sécurité alimentaire. C'est la raison pour laquelle le déploiement des villes, dans les pays en développement, et en Afrique subsaharienne en particulier, ne s'est pas accompagnée de la marginalisation des activités d'élevage dans les espaces urbains et périurbains. Au contraire, on constate une expansion de l'élevage de bovins, d'ovins et de volailles en zones urbaine et périurbaine, à la faveur de la croissance des villes. En effet, au cours des 7 dernières décennies, le développement des filières avicoles et laitières, par exemple, autour des grandes villes africaines, a été remarquable. Dans cette leçon, nous aurons à traiter des points suivants : des atouts de l'élevage urbain, de ses enjeux, de ses différentes formes, de ses impacts, et enfin des contraintes pour son expansion. Comme toutes les autres activités agricoles dans les milieux urbains, l'élevage urbain bénéficiait des avantages liés à sa proximité à la ville, notamment : des infrastructures routières favorables à l'accès aux intrants et à l'écoulement des produits vers un marché plus rémunérateur, ce qui contribuait à raccourcir le circuit de commercialisation, et donc d'augmenter les marges, un accès plus facile aux services d'appui, tels que services vétérinaires, services de maintenance, de crédit, de formation et de recherche, une meilleure disponibilité des intrants, locaux ou importés, un accès à l'énergie électrique, et de meilleures possibilités de transformation. L'urbanisation et les problèmes qu'elle pose pour l'entretien des animaux n'ont pas dissuadé certains citadins de pratiquer l'élevage des animaux sur leurs parcelles. Cette dynamique est liée aux multiples bénéfices que l'on peut tirer des filières animales urbaines, notamment la possibilité d'avoir et d'accroître des revenus. En effet, l'un des enjeux de l'élevage urbain est de fournir un revenu aux multiples acteurs qui interviennent dans ces filières, en particulier aux populations à très faibles revenus des villes et des campagnes environnantes, qui peuvent ainsi assurer leurs moyens d'existence et leur bien-être social. Enfin, elles sont aussi une véritable opportunité d'investissement et de création des richesses pour certains opérateurs économiques des villes, qui ont accumulé un capital financier dans d'autres secteurs économiques. Les activités de production, de transformation et de commercialisation des différentes filières d'élevage urbain offrent des opportunités d'emploi pour une part non négligeable de la population et des migrants ruraux saisonniers. En matière d'approvisionnement des villes, les systèmes d'élevage urbain participent de manière significative à la satisfaction d'une demande accrue en produits d'origine animale, déterminée par la forte croissance démographique l'urbanisation accélérée et l'augmentation des revenus dans les villes. L'élevage urbain et périurbain contribue à la sécurité alimentaire. Des quantités importantes de produits alimentaires d'origine animale viande, lait, oeufs, ayant une haute valeur nutritive, proviennent des filières de l'élevage urbain. Ces produits sont destinés à l'autoconsommation chez les exploitants et à l'approvisionnement des villes. L'élevage participe aussi à l'amélioration de l'environnement et du cadre de vie. Les systèmes d'élevage, qui reposent souvent sur la production de fourrage, contribuent à l'augmentation de la quantité de matière organique susceptible d'être recyclée pour maintenir et restaurer la fertilité des sols dans les espaces périurbains. Malgré cela, l'intégration dans le processus de planification urbaine demeure une bataille à mener et à gagner. Quelles sont les formes d'élevage que l'on rencontre en zones intra et périurbaines? En zones intra-urbaines, l'élevage est une activité plutôt marginale, à petite échelle. Il est composé de petit bétail, de chèvres, de moutons, de porcs. Les chèvres et les moutons sont attachés au piquet, dans les friches, aux abords des maisons, ou dans les maisons, comme ici à Dakar, ou laissés en divagation, alors que les cochons sont dans des enclos. Quant aux bovins, ils sont rares, l'espace manquant pour les élever en ville. La volaille est constituée de poules, pintades, canards, pigeons, cailles, etc. Les élevages sont de taille très variable, allant de l'entretien de quelques poules ou canards, dans une cour, à des élevages plus ou moins mécanisés de plusieurs centaines d'animaux. En zone périurbaine, l'élevage est une activité de plus en plus lucrative prenant diverses formes : un élevage relativement intensif, de taille variable, sur des parcelles parquées, dans des enclos, avec des étables ; un élevage extensif de moutons, de chèvres et de boeufs, pratiqué par des anciens passeurs ou par des transhumants qui se sont sédentarisés ; ou un élevage extensif et transhumant de moutons, de boeufs, de chameaux, pratiqué par des éleveurs nomades, qui, de manière régulière et périodique, viennent séjourner autour des grandes villes, durant la saison sèche, le bétail pouvant bénéficier de la proximité de cours d'eau pour leur abreuvement ou du marché que constitue donc la ville. Lorsque la saison des pluies s'installe, les transhumants remontent plus au nord avec leur bétail. Le lait est vendu aux abords de la route nationale par les jeunes éleveurs. L'impact des filières animales urbaines peut être positif ou négatif. Concernant les impacts positifs, en plus des fonctions productives, formation de revenus, création d'emplois, sécurité alimentaire, et non productives, amélioration du cadre de vie déjà mentionnée, les formes intensives de production animale dans les espaces urbains et périurbains sont plus efficientes en matière d'utilisation des ressources, et plus productives que les productions rurales. Elles limitent ainsi la pression sur les ressources naturelles qui seraient nécessaires pour satisfaire la demande en produits animaux à partir des systèmes extensifs. De plus, ces systèmes intensifs, basés sur une alimentation concentrée, sont moins polluants pour l'atmosphère car ils produisent moins de méthane que les systèmes extensifs utilisant plus de fourrages grossiers. Ces systèmes intensifs sont souvent basés sur la production de fourrage, ce qui contribue à accroître la quantité de matière organique susceptible d'être recyclée pour maintenir et restaurer la fertilité des sols, dans les espaces périurbains où se pratique l'agriculture. Les impacts négatifs de l'élevage urbain, plus visibles, suscitent souvent une perception défavorable de la part des habitants de la ville. Il s'agit essentiellement de nuisances causées par les animaux et leurs déjections, de la concentration des déchets animaux qui représentent un facteur de pollution des eaux de surface pouvant engendrer la contamination des eaux souterraines, des risques sanitaires pour les producteurs et la population consommatrice de produits animaux, potentiellement contaminés par des agents pathogènes ou par des métaux lourds, et enfin, de la divagation des animaux, qui peut entraîner une dégradation des espaces verts dans les villes. Les contraintes sont de plusieurs ordres. La première est liée au manque d'espace. En effet, les filières animales urbaines se situent dans des espaces où elles sont en concurrence, avec l'usage des terres pour l'habitat. La contrainte foncière, qui caractérise ces espaces, conduit à des systèmes de production fondés essentiellement sur le confinement des animaux dans des habitats exigus, favorables au développement d'une pathologie microbienne et parasitaire spécifique. Ce manque d'espace s'oppose aussi à la production fourragère, indispensable à une production animale améliorée. La seconde contrainte est liée au coût de l'eau. Dans bien des cas, l'eau est devenue une denrée rare en raison de sa surexploitation et de la sécheresse, ce qui en fait un facteur de production relativement cher pour des activités agricoles. La troisième contrainte, liée à la cherté des intrants, aliments, médicaments et autres produits vétérinaires, se traduit par des coûts de production élevés, ce qui contribue à affecter la rentabilité et la reproductibilité de certains types d'élevages. Les fourrages valorisés dans les élevages urbain et périurbain proviennent le plus souvent des zones rurales, et le coût de transport en font des facteurs de production peu accessibles. Les autres contraintes sont liées, notamment, à la concurrence des produits importés. En effet, la contrainte majeure des filières animales urbaines est sa compétitivité par rapport aux produits importés. Par ailleurs, du fait de leur offre saisonnière, les produits provenant du milieu rural sont plutôt complémentaires de ceux des filières urbaines. 3 facteurs déterminent la compétitivité des produits : leur coût de production, leur qualité hygiénique, et leur acceptabilité par le consommateur. Les coûts élevés des facteurs de production essentiels, aliments, eau, intrants vétérinaires, équipements, et les mesures sur les importations rendent les produits importés, comme le lait, relativement plus accessibles que les produits locaux. Par ailleurs, ces produits bénéficient de plus de garantie hygiénique, ce qui est apprécié par les consommateurs. Enfin, la dernière contrainte concerne les risques liés à l'utilisation des médicaments. En effet, en milieu urbain, les intrants vétérinaires sont distribués dans un contexte pas toujours normalisé, et peu soucieux des risques sanitaires sur les populations. Les règles d'utilisation des médicaments, telles que les délais de péremption des produits, sont rarement respectées. Cette situation est notamment aggravée par la proximité entre les unités de production périurbaines et les marchés de consommation. C'est pourquoi les produits ruraux sont considérés comme plus sains que les produits urbains. Nous pouvons conclure en disant que l'élevage est une source importante de revenus, de moyens de subsistance, de nutrition et de sécurité alimentaire, etc. C'est pourquoi son développement et son maintien dans les villes d'Afrique subsaharienne se sont accrus ces dernières décennies. En effet, l'élevage urbain bénéficiait des avantages liés à sa proximité à la ville, notamment l'accès aux marchés facilité par les infrastructures routières, l'accès plus facile aux services d'appui et aux intrants. Les activités de production, de transformation et de commercialisation dans les filières d'élevage urbain offrent des possibilités d'emploi, des opportunités d'investissement et de création de richesse. Les produits alimentaires d'origine animale, des suites de l'élevage urbain, ont une valeur nutritive élevée. Les systèmes de l'élevage urbain ont des formes variées : en zone urbaine, l'élevage est une activité plutôt marginale, tandis qu'en zone périurbaine, il est plus intensif. Cependant, le développement de l'élevage urbain fait face à de multiples contraintes liées, notamment, au manque d'espace, à la disponibilité de l'eau, au coût élevé des intrants, à la concurrence des importations, et aux risques sanitaires dus à l'usage de médicaments non contrôlés. Au revoir, et à la prochaine leçon sur la réutilisation des eaux usées dans l'agriculture urbaine. [AUDIO_VIDE]